Les adultes de la Région européenne consomment en moyenne 9,2 litres d’alcool pur par an, ce qui fait d’eux les plus gros buveurs au monde (2024)

« Lorsque nous examinons les données les plus récentes sur la consommation d’alcool et ses effets nocifs, l’une des Régions de l’OMS se distingue », a expliqué le docteur Gauden Galea, conseiller spécial du directeur régional de l’OMS pour l’Europe en matière de maladies non transmissibles et d’innovation. « La Région européenne de l’OMS continue de détenir le record peu enviable d’enregistrer les niveaux les plus élevés au monde de consommation d’alcool et d’effets nocifs liés à cette consommation, ainsi que le nombre le plus faible d’abstinents. Les méfaits de l’alcool peuvent être dévastateurs pour la santé et le bien-être, et s’étendent bien au-delà de la personne qui en consomme : violence domestique, traumatismes, accidents, éclatement de la cellule familiale et santé mentale. Les pays doivent s’efforcer de mettre en œuvre les politiques que nous savons efficaces pour réduire la consommation d’alcool. »

Quelle est la quantité d’alcool consommée par les habitants de la Région européenne de l’OMS ?

Selon les dernières données comparables au niveau mondial, les hommes de la Région consomment près de 4 fois plus d’alcool (14,9 litres) que les femmes (4,0 litres) par an. En 2019, la Région comptait plus de 470 millions de buveurs actuels (personnes ayant consommé de l’alcool au cours des 12 derniers mois), soit une moyenne de 2 adultes sur 3 consommant de l’alcool. On estime que 1 adulte sur 10 (11 %) dans la Région souffre d’un trouble lié à la consommation d’alcool, et près de 1 sur 20 est dépendant à l’alcool (5,9 %).

Malgré ces statistiques alarmantes, seuls 12 des 53 pays de la Région ont réalisé des progrès significatifs depuis 2010 en vue de réduire la consommation d’alcool de 10 % et ce, conformément aux objectifs convenus dans le Cadre mondial de suivi pour les maladies non transmissibles et le Cadre d’action européen en matière d’alcool 2022-2025.

Bien que la Région dans son ensemble soit apparemment en bonne voie d’atteindre l’objectif fixé, cela tient surtout à la baisse substantielle de la consommation d’alcool observées dans plusieurs des pays les plus peuplés, tels que la Fédération de Russie, la Türkiye et l’Ukraine, où des mesures décisives ont été prises pour majorer les droits d’accises sur l’alcool et en limiter la disponibilité. Dans les pays de l’UE, cependant, aucun changement significatif n’a été constaté depuis plus de 10 ans en termes de niveau de consommation d’alcool. Cette absence de progrès laisse entendre que les pays européens doivent accélérer leur action dans la perspective de la Quatrième Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies de 2025, laquelle permettra aux pays de suivre les progrès accomplis et de définir une vision de la prévention et de la maîtrise des maladies non transmissibles.

« Les niveaux élevés de consommation d’alcool en Europe et les effets nocifs liés à cette consommation indiquent clairement que nous n’en faisons pas assez. Nous payons un lourd tribut à notre inaction, l’alcool étant à l’origine de centaines de milliers de maladies et de lésions cardiovasculaires, de cancers et de cirrhoses du foie dans notre Région », a précisé le docteur Carina Ferreira-Borges, conseillère régionale pour l’alcool, les drogues illicites et la santé en prison.

Quelle est la gravité des méfaits causés par l’alcool dans la Région ?

L’alcool nuit aux individus, aux familles et aux communautés, affectant non seulement ceux qui en consomment, mais aussi leur entourage. En Europe, l’alcool constitue l’une des principales causes de mortalité, avec près de 800 000 décès par an. Environ 2 200 personnes meurent chaque jour de causes liées à l’alcool dans la Région. Les décès dus à l’alcool représentent près de 9 % de l’ensemble des décès survenant dans la Région, soit la plus forte contribution de l’alcool à la mortalité toutes causes confondues au niveau mondial.

Les maladies non transmissibles, comme les maladies cardiovasculaires, le cancer, le diabète et les maladies respiratoires chroniques, sont à l’origine de 90 % des décès dans la Région et de 85 % des années vécues avec une invalidité. Dans la Région, la majorité des décès liés à l’alcool sont imputables à des maladies non transmissibles (plus de 600 000 décès par an), environ la moitié de ces décès étant due à des maladies cardiovasculaires (c’est-à-dire des maladies cardiaques), la principale cause de mortalité liée à l’alcool.

Le rapport fait également état d’une incidence particulièrement élevée des cancers associés à l’alcool. Les pays européens affichent l’une des incidences les plus élevées de ces cancers dans le monde, en raison d’une forte consommation d’alcool et du vieillissem*nt de la population, une situation aggravée par la très faible conscience du rôle de l’alcool comme l’un des principaux facteurs de risque de cancer. Bien que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) ait classé l’alcool dans le groupe 1 des substances cancérigènes, ce qui signifie qu’il existe des preuves indéniables que l’alcool peut provoquer un cancer chez l’homme, ce fait n’est pas largement connu.

Les pays en font-ils assez pour réduire la consommation d’alcool et ses effets nocifs ?

Malgré les preuves évidentes des méfaits de l’alcool, de nombreux pays européens n’ont pas encore réalisé de progrès significatifs dans la mise en œuvre des politiques recommandées par l’OMS, y compris les interventions les plus rentables ou « meilleurs choix » de l’OMS, à savoir : 1) augmenter les droits d’accises sur les boissons alcoolisées ; 2) imposer des restrictions globales sur le marketing de l’alcool ; et 3) réduire la disponibilité de l’alcool.

Si la sensibilisation aux risques liés à la consommation d’alcool ainsi que la mise en place de services de soutien et d’autres interventions au niveau individuel font la différence, ces « meilleurs choix » sont les mesures dont l’efficacité a été prouvée pour réduire de manière significative la consommation et ses effets nocifs au niveau de la population. Dans le cadre d’un projet actuellement mené en Estonie, en Lettonie et en Lituanie, on a pu par exemple montrer que la mise en œuvre de politiques de lutte contre l’alcool au niveau de la population entraîne une baisse de la consommation d’alcool, une diminution de ses effets nocifs, ainsi qu’une augmentation de l’espérance de vie globale, de sorte que même les groupes les plus vulnérables vivent plus longtemps.

Le docteur Gauden Galea met en avant la nécessité d’une action immédiate. « Nous disposons des outils et des connaissances nécessaires pour réduire la consommation d’alcool et les méfaits qui en découlent. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est la volonté politique de mettre en œuvre ces politiques fondées sur des données probantes. À l’approche de l’échéance de 2025 pour la Réunion de haut niveau des Nations Unies, nous devons accélérer nos efforts et nous engager à réaliser les changements nécessaires pour protéger la santé et le bien-être de nos populations. »

L’OMS exhorte tous les pays à intensifier leurs efforts pour atteindre les cibles des objectifs de développement durable (ODD) au niveau mondial. En mettant en œuvre les « meilleurs choix » et d’autres stratégies efficaces au niveau de la population, les pays peuvent réduire de manière significative la charge des maladies, des décès, des handicaps et des traumatismes liés à l’alcool.

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